II
Guillaume Martial
Habitat spontané 1,
Habitat spontané 2,
vidéo 1920x1080 HD, 1 min 35, 2017 et vidéo 1920x1080 HD, 2 min 01, 2017
L’habitat spontané en Guyane, région et département français d’Amérique du sud, est le nom donné aux abris précaires non officiels créés par les populations pour se loger. Dans une narration visuelle fictive et décalée, l'habitat spontané est détourné par un jeu de voltige. Un personnage-oiseau, inspiré de l’ibis rouge emblématique de la Guyane, explore le territoire naturel et tente de se fabriquer un nouvel espace habitable comme échappatoire à l’urbanisation croissante. L’habitat spontané nouvellement créé se transforme en espace de liberté imaginaire, burlesque et poétique...
II
Armand Morin
The Promised Lawn
vidéo 16/9, couleur, sonore, 2015
... ) The Promised Lawn, vidéo produite dans le cadre de deux résidences passées en 2015 à Bibracte et à Marfa (Texas), trouve dans le passage entropique du temps le dénominateur commun réunissant ces deux sites éloignés de 9000 km. D’un côté, sur les hauteurs du Mont-Beuvray, l’ancienne capitale Eduens désormais recouverte de forêt est devenue chantier de fouille archéologique. De l’autre, en plein désert du Chihuahua, la petite ville aux rues poussiéreuses où planent encore des souvenirs de westerns, affiche les premiers stigmates du déclin économique. A l’écran, aussi étonnant que cela puisse paraître, les paysages se confondent : l’aridité texane, les roches du Morvan recouvertes de mousses, les constructions en tôle et les maquettes des villas gallo-romaines… tout converge à ériger un ailleurs fictionnel, un hors-lieu et un hors-temps hantés par la mémoire des activités de l’homme.
Générant un cadre spatio-temporel trouble, la vidéo établit une correspondance insoupçonnée entre deux civilisations qui, d’un bout à l’autre de l’histoire, et alors qu’elles semblent au pic de leur développement, connaissent une irrémédiable chute. Cette « pelouse promise » que nous annonce le titre de l’œuvre d’Armand Morin interroge l’irrépressible désir de consommation de l’être humain, transformant l’idéal pavillonnaire en catastrophe planétaire (...) Extrait d'un texte de Franck Balland.
Sélection 2019/
Laure Catugier
Erase
muet, 1'41'', 2018
Par un procédé photographique de surexposition des images, je joue de
la profondeur de l'espace jusqu'à ce que celui-ci disparaisse
complètement. Ce film a été réalisé dans le cadre d'une
résidence au Japon, où le manque d'espace est un vrai problème
dans les villes.
II
Capucine Lageat & Antoine Perroteau
Grand Union Canal
FHD, 16/9, sonore, 4'41'', 2017
Le canal qui relie Birmingham à Londres a été un axe majeur de la
révolution industrielle anglaise. Les bords du canal sont maintenus
par des murs de briques qui sont les restes des usines désaffectées.
Des cheminées de toutes tailles rythment le paysage et annoncent
comme des pierres tombales l’emplacement des anciennes usines
textiles. Ces friches industrielles deviennent des images
mystérieuses pour une jeune photographe qui s’y aventure. La
mémoire d’une ville brisée resurgit à travers ses clichés.
Elle se demande alors comment construire un sens avec ces
photographies d’une violente banalité.
Sélection 2018/
Didier Béquillard
San Sebastiano
vidéo HD, sonore, 5 mn, 2018
Avec la réalisation de la vidéo « Attese » mon intention est de
montrer la relation spatiale et temporelle qu’un détenu entretient
depuis sa cellule avec le reste du bâtiment pénitentiaire.
Le détenu est par le fait même de sa détention dans l’attente de sa
libération, ainsi la perception sonore du « hors champ » lui fait
anticiper les évènements à venir. Il a conscience de la spatialité
de la prison et peut par l’analyse des sons entendus déduire
précisément le lieu et la nature d’un événement.
La reconstruction mentale de l’architecture de la prison par le
détenu structure l’attente dans une temporalité qui se superpose à
la succession des jours et des nuits.
II
Alix Delmas
DUST,
vidéo HD, sonore, 5'30'', 2015
© alix delmas ADAGP 2015 © Sauces production
Au 8ème étage d’un grand ensemble résidentiel, un homme,
silhouette anonyme, dépoussière obsessionnellement son
logement.
Fenêtre grande ouverte, été comme hiver, tel Sisyphe, il
poursuit méticuleusement et inlassablement sa tâche sans fin.
Afin de capturer cette odyssée intérieure, durant plusieurs
mois, Alix Delmas a choisi de positionner sa caméra à distance,
sans interaction avec le sujet.
Rythmée par le passage des saisons, cette œuvre
photo-vidéographique d'Alix Delmas s’inscrit dans le cadre de
sa recherche autour du corps, de l’espace et de l’intériorité,
renvoyant ainsi chacun d’entre nous à ses propres
interrogations.
Cette vidéo a emportée le 1er prix Festival Périscope Maison
Champagne en 2018 et le Arte Laguna Prize 2016 Video, Venezia.
II
Séverine Hubard
et Julian d'Angiolillo
El Tutor,
Vidéo HD, muet, 10', 2017
Des piquets soutiennent la croissance des arbres jusqu'à qu’ils
s’effondrent.
Dans une salle d'attente, des plantes courent après un patient.
Un appareil orthopédique l'aidera à se lever.
Qui est le Tuteur ?
II
Brandon, city bird caller,
4’33’’, 2016
C’est lors d’une résidence à Brandon City, au Canada,
qu’Adrien Lefebvre réalise cette vidéo. On y découvre un
panel de paysages étranges : périphérie de villes et
nature, parkings déserts, aires de jeux. Tel un fil
d’Ariane, ces lieux ont en point commun d’être accompagnés
par des sons. Ces curieuses notes proviennent d’un « appeau
». On aperçoit un court instant, une indienne portant à sa
bouche l’objet qui reproduit le chant des oiseaux.Véritable
conversation improbable entre des paysages abandonnés, un
oiseau absent et ce personnage d’un instant.
II
Barbara Noiret
L’esquisse du temps (Petit bourg),
6’19’’, 2017
La vidéo L’esquisse du temps (Petit Bourg) met
en relation l’architecture du passé et du présent ; sur
les ruines encore visibles du château de Petit Bourg,
une des plus longues barres d’immeubles en Europe s’est
imposée. J’ai collecté des images d’archives du
château, et prélevé les mots, ressentis, et projections
dans l’avenir des habitants de la Résidence du Parc, à
partir d’entretiens menés avec Rolande Favrey-Beurthet,
sociologue de l’urbain. Le film traite des
bouleversements humains, sociaux et territoriaux de la
ville et sensibilise les habitants à leur propre
histoire. En interrogeant les dysfonctionnements
quotidiens liés aux grands ensembles, l’esquisse du temps révèle ce qui a réussi
entre l’utopie urbaine et la réalité actuelle.
Stanislav Dorochenkov
Edifices étoilés,
vidéo HD, sonore, 10'56'', 2016
En parallèle à ces nombreuses recherches, la passion d'Iliazd
(1894-1975), maître d'œuvre mythique du Livre Moderne, ne tarit
jamais. Il l'appelle son "vieil amour des voûtes et des dentelles
de pierres". Il relève des centaines de plans des anciennes églises
chrétiennes (du IV au XI siècle) dont beaucoup se trouvaient dans
les régions éloignées en Turquie, aujourd'hui démolies, ruinées ou
transformées en mosquées. Reconnu en tant que byzantinologue de
renom, Iliazd les baptise "Edifices étoilés", faisant appel à leurs
constructions "au plan en croix". Cette forme migre de la Géorgie
ancienne sur tout le bassin méditerranéen jusqu'à l'Espagne où elle
commence à se répandre à partir du VI siècle.
Il Grattacielo Nuovo,
vidéo HD, sonore, 8'24", 2015
Il Grattacielo Nuovo
est le premier édifice d'architecture moderne
en Sardaigne, construit en 1965, visible de
tous points de la ville. Jusqu’en 1970 une
étoile lumineuse était installée à son sommet
pendant les fêtes de Noël. A la même période,
l’homme rejoignait la lune. Le film est une
évocation de la chute des utopies.
II
Cyril Galmiche
Video, 1920 × 1080 px, loop, 12'00, 2016
L’espace collectif est un paysage de
prédilection pour l’expérimentation
plastique non narrative du temps. Cette
vidéo présente un plan fixe sur un
carrefour parisien. Un jeu de confusion
entre l’image fixe et l’image en mouvement
est mis en place par un montage parallèle
de deux réalités : la vie urbaine avec ses
passants et ses véhicules, et son paysage.
Dans cette vidéo s’opère une décomposition
du temps par un principe simple de
désynchronisation. Le mouvement des
passants et des véhicules se disloque dans
une chorégraphie perceptible par fragments,
les éléments composant le paysage (signes
urbains de Paris) venant camoufler une
réalité simultanée. Les citadins se
retrouvent emmaillés dans leur ville. Le
découpage de la temporalité de la vidéo
donne au spectateur une lecture et une
compréhension singulières et incertaines de
l’image.
II
Paul Heintz
Flying Mirror
Vidéo 4:3, sonore, 79 minutes 31 secondes, 2013
L’ensemble vidéo Flying Mirror donne à
voir la ville de Nancy filmée depuis les airs
par des caméras embarquées sur des pigeons.
L’idée de cette série vidéo est de produire des
films aériens et aléatoires. Ces séquences
hypnotiques perturbent la vision et emmènent le
regard là où il ne va jamais.
« Flying Mirror déconstruit une
représentation aérienne de la ville de Nancy
perçue de façon aléatoire à travers le prisme
étrange du battement d’ailes d’un pigeon
voyageur dont le regard a remplacé celui de
l’homme. L’attention échappe. Faut-il y voir
l’expression d’une inquiétante étrangeté selon
laquelle toute chose connue et familière
devient inquiétante dès lors qu’elle ne possède
plus les qualités immédiates de son
identification1 ? C’est peut-être précisément
dans cette double bascule d’un état à un autre
de perception d’une situation, que se situe la
nuance d’un travail artistique où l’image en
mouvement est convoquée comme une construction
pure tout en frôlant une dimension
documentaire... »
Mickaël Roy, extrait de «Tic Tac ou le trouble
du temps», pour l’exposition Tic Tac,
Galerie du Crous de Paris, juin 2014.
Romain Kronenberg
Rien que la terre, et de plus en plus sèche
vidéo 4K, stéréo, langue kurde, sous-titres
français, 18 mn, 2016
Deux jeunes hommes sont installés dans le
désert. Aucune âme à l'horizon. Ils attendent
le retour d'un troisième homme parti en
éclaireur. Les deux équipes restent en contact
grâce à des radios. L'éclaireur explique le
chemin qu'il accomplit et l'étendue désertique
toujours plus vaste devant lui. Il raconte
l'espoir qu'il place dans chaque pas qu'il
fait. Les deux autres restés en arrière
écoutent; ils projettent leurs espoir dans le
futur et l'autre côté du désert. Mais la
qualité du signal radio commence à faiblir, des
crépitements se font entendre sur la liaison,
de plus en plus fortement. D'abord
indéchiffrable, la voix finit par disparaître.
Les deux jeunes hommes se retrouvent dès lors
seuls et sans nouvelles. Doivent-ils se lancer
en avant? Rester où ils sont? La réponse qu'ils
imagineront est finalement un paradoxe: que
croire est aussi essentiel qu'est la conscience
que croire est vain.
Avec Mehmet Korkut, Mazlum Adigüzel & Baver
Doganay.
Flora Basthier
Dissolution Urbaine
Vidéo numérique couleurs, sonore, 29'14, Jingdezhen
(Chine), novembre 2015
Petite ville du sud de la Chine, Jingdezhen est le
berceau de la porcelaine. Technique ancestrale et
typique du pays, la céramique est omniprésente dans
cette ville. A mon arrivée, j'ai été interpelée par ces
hommes et ces femmes transportant les objets en
porcelaine sur leurs charriots en bois. Entités d'une
tradition, les vases d'une pureté blanche semblaient
hors du temps du mouvement dense de la ville actuelle.
C'est ainsi que l'idée est née de demander à l'un de
ces transporteurs d'embarquer ma caméra filmant la
déambulation fragile d'un pot traditionnel dans la
ville moderne, pendant la durée d'un trajet, de mon
studio de travail jusqu'au four public.
Laure Catugier
ROOM 2 and ROOM 3
Vidéos, sonore, en boucle, 8’29 et 1’34’’, 2015
À travers deux protocoles utilisant uniquement
mon corps comme instrument de mesure (marcher
de manière constante le long des murs d´une
pièce pour m2, ou bien taper dans les mains au
milieu de la pièce pour m3), je cherche à
capturer surface et volume de diverses pièces
vides (logements, bureaux, etc). Le son et
l´écho produits par ces gestes répétitifs sont
ensuite mis en parallèle avec leurs réelles
mesures.
II
Marie-Jeanne Hoffner
Building Backwards
Vidéo format 16/9, 28’45’’ couleur, son, 2008
Building backwards
a été tourné en 2007 en Australie et se
constitue d’un ensemble de portraits vidéos,
des portraits de lieux vus par les souvenirs de
leurs anciens habitants dans lesquels plusieurs
descriptions formelles et sensibles, de
Kalgoorlie à Melbourne, d'habitats et de
villes, sont dévoilées par un arpentage mental
et spatial.
Tout au long de ces portraits, il est question
de ce qu’on ne voit pas, de ce que l’image ne
peux montrer de ces descriptions personnelles.
La vidéo est divisée en plusieurs parties:
des visites successives de Eildon Mansion à
Melbourne, de la ville minière de Kalgoorlie,
de l’album souvenir de Catherine Bell et de la
visite de la maison de famille de Peta Clancy,
pour finir sur un arpentage mystérieux du
village fantôme de Cook dans le désert du
Nullabor.
II
Lucie Mercadal
Das Wunder des Badezimmers | The miracle of the bathroom
Vidéo format 16/9, couleur, sonore, 7'11", 2015
Un homme d’une soixantaine d’années, paisible,
dispose soigneusement sur une petite table
bleue le beau service à café blanc. Cette scène
dominicale aurait pu être rassurante si
seulement le plateau de la table ne reposait
pas sur les pieds d’une jeune femme allongée.
Le thème pictural de la nature morte est
transposé dans un contexte cinématographique et
performatif afin d’interroger le concept du
confort moderne. La narration est-elle ici une
fiction, une documentation ?
II
Johan Parent
Self Lavage,
Vidéo de 2,56 min, 2015
Self Lavage
est une courte vidéo qui montre la mise en
service, à vide, la nuit, d’une station de
lavage automobile. Le kärcher se déclenche en
rythme, comme un spectacle de danse. Cela
renvoie aux premières créations machinistes du
début du 20e siècle, comme le film « Le Ballet
mécanique » de Fernand Léger (1924), qui
relevait d’une fascination de l’époque pour les
objets manufacturés et pour un idéal d’harmonie
entre l’homme et la machine. Mais ici le ballet
se fait sans l’homme, la machine a conquis son
autonomie, jusqu’à l’absurde. L’action est
désormais dépourvue de finalité et de
temporalité : le déclenchement nocturne du
dispositif fait basculer un fonctionnement
banal vers l’inquiétant et le sauvage, dans un
« décor urbain » que l’on ne contrôle plus.
Le plan montre un rituel, qui s’enclenche et se
termine le temps du processus temporel de la
machine. La dimension cinématographique est
intimement liée à une dimension performative.
Sélection 2015/
Mali Arun
Déplacés (Chai Qian),
Vidéo format 16/9, HDV, couleur, sonore, 20’, 2011
Production : La Ruche Productions
"Je suis allée en Chine avec mes cheveux rouges
à la recherche de ma grand-mère. Je n'ai rien
vu qui ressemblait à ce que je connaissais." La
nouvelle ville monte au ciel et les vieux
quartiers sont détruits. Les gens sont déplacés
de friches en chantiers. Du centre de la ville
vers les banlieues lointaines. "Déplacés" est
une déambulation, un regard sur une ville
chinoise en pleine mutation urbaine.
II
Cyril Galmiche
149 Boulevard Davout - Paris
,
Vidéo format 16/9, couleur, muet, 7’08’’(en
boucle), 2014
Cette vidéo est issue de la série « une
journée », elle présente l'ensemble des
temps de la journée du 12 mars 2014 au 149
boulevard Davout à Paris. Dans cette série,
chaque vidéo dure 7 minutes et 8 secondes
dans lesquelles le cycle d’une journée se
retrouve compressé. À la différence du time lapse, ces vidéos réunissent
tous les temps d’une journée dans une même
image. Toutes les vidéos sont en boucle, le
temps ne s’arrête jamais, norme intangible.
Le point de vue est unique afin d’accentuer
la picturalité des paysages mis en scène.
Ces accélérés d’une journée mettent en
exergue la lumière. Elle se dépose sur
l’architecture, intervient sur les volumes
et change notre perception de l'espace.
Elle crée des vibrations immatérielles
grâce aux changements chromatiques des
matériaux constituant l’espace urbain. La
ville sert ici de décor, de réceptacle pour
la lumière. Les ombres des nuages fuient et
dégoulinent sur les bâtiments comme une
mélodie ruisselante. Tentative de capter le
rythme de la ville, ranger l’aléatoire pour
le recomposer, embraser un paysage
fourmillant, construire une perte de
repère, telles sont les aspirations de ces
vidéos.
Aurélie Gandit, Compagnie La Brèche
Trajet
laryngo - claviculaire,
Vidéo danse, format 16/9, couleur, sonore, 13', 2013
Aurélie Gandit : conception et chorégraphie
Sylvain Riéjou : interprétation
Carlo Ciceri : composition musicale
Thomas Guedenet : réalisation vidéo
Aurélie Bernard : régie générale
Co-productions : Cie La Brèche-Aurélie Gandit
et Arsenal-Metz en scènes.
Une matière sonore qui donne à (re)sentir
les mouvements du corps.
Un corps qui se nourrit de ces
oscillations.
Des images qui glissent.
Des matières en mouvement continu.
« Depuis les premières Visites dansées
dans les musées, je mène un travail polymorphe
qui interroge – à travers la danse et le texte
– les modes de perception des expositions
d’arts visuels et les architectures qui les
accueillent. Mes recherches oscillent entre
savoirs et sensations, effectuant des
allers-retours incessants entre la pensée et le
corps, entre le discours (sur les arts visuels)
et la pratique (de la danse). Je m’aventure
sans cesse dans cet espace du regard, cherchant
à incorporer les mots et à les mettre en
mouvement pour construire un « corps pensant ».
A.G.
II
Golnaz Payani et Mona Najafizadeh
Jardin baigné de grappes
,
Vidéo format 16/9, couleur, sonore, 22'45'',
Téhéran, Iran, 2013
Si la maison est un endroit qui isole notre
intimité en nous offrant un moindre confort, je
m'intéresse aux situations dans lesquelles c'est
l'homme qui finit par prendre la forme du lieu où
il réside, changeant son mode de vie pour réaliser
le voeu de l'habitation.
Ce film est un exemple extrême d'une telle
situation car cette fois, plus que jamais, le lieu
de vie met à l'étroit la frontière entre vie et
mort. Ici, les jours de l'homme ne sont pas en
péril mais il doit accepter la mort comme un
élément quotidien avec le sens de cette demeure
ultime dans son voisinage.
Si cette cohabitation est devenue possible, ce
n'est pas par soumission des habitants face à un
certain destin, mais grâce à leur imagination et
leurs rêves autour d'un habitat. Cette vision du
lieu formée par lui-même, finit par transférer la
fonction morbide d'un cimetière en celle chatoyante
d'un jardin fleuri, où la terre riche nourrit le
raisin sucré.
Guillaume Querré
Timeline 2
,
Vidéo format 4/3, couleur et N&Bl., sonore, 2'47'',
2014
Ici est représenté un travelling de gare
ferroviaire.
Ce que l'on voit et ce que l'on entend sont
une et même chose.
Timeline 2 est une vidéo réalisée à partir
d'un logiciel de son : Garageband.
L'idée est de dessiner une partition sur la
timeline du logiciel. De ce produit
synesthésique, il en résulte un dessin
sonore, qui s'apprécie à la fois « comme
musique » et comme « dessin animé ».
Sélection 2014/
Hayoun Kwon
Village modèle
,
Vidéo format 16/9, couleur, sonore, 6’30’’, 2014
Cette œuvre s’intéresse au village de propagande
Kijong-dong, qui se situe dans la zone dématérialisée
séparant Corée du Nord et Corée du Sud. Véritable
vitrine de luxe construite dans les années 1950 et
orientée de façon à être visible depuis la frontière
sud-coréenne, une observation poussée des bâtiments
révèle que ceux-ci sont vides, à la façon des décors de
cinéma.
Hayoun Kwon révèle l’aspect fantomatique et partiel de
cette zone frontalière - une mise en scène dans un «
lieu-décor » -, et nous plonge dans un voyage accompli
par procuration. ?Le film témoigne de ce village
fantôme dans son véritable état : un mécanisme de
fiction. Un village inatteignable autrement que par
l’imagination.
Extrait en ligne sur le site de la galerie
II
Didier Béquillard
vidéo format 4/3, couleur, muet, 20'59''(en
boucle), 2007
Dans la vidéo Stillleben mit Flut, j’ai
photographié in situ dans le port des empilements
de 6 containers, je les ai ensuite montés en vidéo
avec de longues transitions afin que le passage
d’une image à l’autre soit imperceptible. Cela
répond à la perception que j’ai du paysage
portuaire, il se présente comme une longue image
numérique dont les pixels seraient les containers.
Les murs de containers que le port offre en miroir
à la ville sont toujours en mutation. Ils sont
modifiés par le travail des transbordeurs qui
fonctionnent comme un logiciel de retouche
photographique, changeant la couleur d’un pixel ici
en effaçant un autre là. Le container-pixel devient
l’unité de mesure, l’objet le plus normalisé, celui
qui règle la taille de tout ce qui s’échange dans
le monde rythme aussi le temps et l’espace. Il
s’immisce dans la ville sur les plate-forme des
camions, serpente en longs convois ferroviaires,
signe le début d’un prochain chantier, sert de
remise au fond d’une cour d’immeuble, percé d’une
fenêtre devient cabane de jardin. Mais s’il
stationne c’est toujours du provisoire, le
container nous parle de voyage, un jour ici,
l’autre là, il est interchangeable, anonyme, on
n’est jamais sûr de le retrouver à sa place le
lendemain. On rêve pour lui d’une carte
topologique, une carte à l’échelle du monde, elle
garderait la mémoire de tous ses déplacements et
s’inscrirait sur sa tôle d’acier comme un tatouage
sur la peau d’un marin.
II
vidéo format 4/3, couleur, sonore, 17', 2001
L’existence quotidienne d’une vieille femme mise en
relation avec les petites formes de vies parasites
qui subsistent au cœur d’une cité d’habitats
collectifs des années 1950-60.
Benjamin Dufour et Régis Feugère
Few times, few Places,
vidéo HD, couleur, sonore, 10'43'', 2013
Production : CarréRotondes / CNA
Le paysage européen actuel tel que nous le connaissons
est en grande partie le résultat de siècles
d’aménagements, de décisions, visant à accompagner le
développement de l’Homme sur son territoire. Nous
contemplons le plus souvent un paysage manufacturé,
continuellement en chantier. Ce gigantesque chantier
est le fruit de choix émanant d’institutions publiques
ou privées, démocratiques ou non. Diverses activités
humaines, juridiques, politiques ou économiques
rythment et modifient l’environnement en permanence. Few times, few places dresse un portrait des
lieux dans lesquels ces activités sont concentrées. La
notion de paysage évoque parfois une surface sur
laquelle on pose un regard. Ici, il s’agit de remonter
à la source de cette surface.
Les Baraques-Plage (Sangatte, 2013), 2013
vidéo noir et blanc, sonore, 14’35''.
Une
plage déserte entre Sangatte et Calais en hiver. En travelling et en
plan séquence, apparaissent l’une après l’autre des baraques
alignées face à la mer sur plusieurs centaines de mètres. En plus
des vagues et du vent, on perçoit quelques voix au loin. Le film
progresse dans un dialogue entre l’élaboration du souvenir et la
nécessité de conserver la trace de ce qui va bientôt disparaître.
vidéo format 16/9, noir et blanc, muet,
45’ (en boucle), 2007
"J'ai commencé à photographier les paysages de
Palestine en 1999. En 2004, la construction du mur a
commencé autour de Jérusalem, c’est là que j’ai
entrepris ce travail de relevés de terrain et c’est à
cette période que mes images sont devenues des
panoramas.
C’était une période de très grande tension et le
contact était rompu entre les populations (époque des
attaques suicides, des attentats contre les bus …).
J'ai commencé, à faire des relevés de terrain, à
enregistrer les paysages autour de Jérusalem pour en
conserver la mémoire.
Ce n’était pas un travail facile car je travaillais
avec un matériel lourd, j’avais aussi des documents,
images de références, grilles de lecture, c’est un
travail de terrain technique qui demande de la
précision. Je devais m’installer et être visible
pendant les prises de vue ce qui n’était pas toujours
sans danger. Je travaillais seule.
Travailler à Jérusalem et en Palestine m'aura demandé
de travailler dans la durée. La rencontre avec cette
violence et de la nécessité d'en témoigner.
Je dois préciser que j'ai toujours travaillé des deux
côtés aussi bien en Israël que dans les Territoires
palestiniens et que mon travail s'est situé dans ce
mouvement, c'est une investigation du transfert, je
n'ai pas voulu représenter l'enfermement mais j'ai
travaillé dedans. Le mur n’a jamais été le sujet de mon
travail.
Ce qui reste dans les images c'est un déploiement de
l'espace alors que paradoxalement il se fermait, c'est
la description des formes et des espaces de ces zones
frontières, elles témoignent avant tout de la violence
faite aux paysages, de l'occupation et de la
destruction.
Le défi aura été de tenir le projet dans le temps et la
rigueur du processus de travail sur le terrain,
conditions nécessaires pour témoigner de cette
violence, car le paysage se transformait constamment
sous l'emprise d'une stratégie d'occupation et
d'enfermement.
Et puis par la suite le défi aura été pour moi de me
libérer de ce temps. J’ai décidé d’arrêter les prises
de vue fin 2007 car à cette époque la construction du
mur était terminée à Jérusalem, si j’avais continué à
faire des images, à revenir sur les lieux pour les
photographier à nouveau, j’aurais détruit ce que
j’avais fait. Les lieux ne changent plus vraiment, ça
devient plus « propre », les gens qui y vivent ne sont
plus les même. Si j’avais continuer à produire des
images, elles auraient absorbé les autres. Je voulais
par cette décision conserver ce temps très particulier
de la fermeture, ce temps d’une très grande violence.
Ce qu’il y a de plus violent dans ces images c’est le
vide.
Anne-Marie Filaire,
NB : Les photographies de ce film font partie de la
collection de CAMP « Contemporay Art Museum Palestine »
dvcam, documentaire, couleur, sonore, 49', 2009
Production Vivement lundi! - 40mcube - Tv rennes 35
Après 31 Bd. Magenta et Parpaing, Le chemin critique est le troisième ?lm d’une
trilogie consacrée au chantier que j’ai entrepris en 2004.
Chaque ?lm donne à voir un chantier sous une forme
différente comme une machine à perturber un espace
contraint de la ville, un élément constitutif de la
transformation de la vie de tout un chacun, le cadre d’un
théâtre des représentations. Trois ?lms, trois points de
vue, trois chantiers. ?Le dernier opus vient en contrepoint
du premier qui consistait à observer d’un point de vue
unique et ?extérieur un chantier de construction. Le chemin critique prend le parti pris de
pénétrer à l’intérieur d’un ?bâtiment mis à nu par un
chantier de rénovation. Ici, je ne m’intéresse pas à la
belle enveloppe extérieure ?du bâtiment donné à voir aux
passants, je montre le chantier interdit au public, les
dessous... ?La rénovation consiste à déposer un décorum, à
transformer les espaces et à poser un nouveau décor. Dans
ce ?lm, je suis trois personnages qui chacun, selon sa
fonction, me permet d’aborder ce chantier de façon
complémentaire. Le Gardien, détenteur des clefs et des
secrets du bâtiment, c’est lui qui ferme le bâtiment qui
mute en chantier. Le Directeur technique, référent de
l’utilisateur du bâtiment, il suit l’avancée des travaux.
Le Coordinateur des travaux, acteur central du chantier,
est chargé de sa bonne marche. ?Sur un chantier, le chemin
critique est le terme employé pour désigner l’organisation
des interventions ?techniques et des tâches à réaliser de
manière chronologique jusqu’à la date de ?n envisagée du
projet. Sur le papier, il prend la forme d’une sorte
d’arbre généalogique complexe. C’est dans cet univers que
je promène le spectateur, dans un univers de poussière et
de béton, dans un univers d’hommes dans lequel chacun tient
son rôle.
vidéo format 4/3,couleur, sonore, 2'39'', 2011
En 2010, j’ai commencé un travail vidéographique dans l’idée de
répertorier différentes logiques de construction/déconstruction
de la ligne dans l’espace d’un lieu.
Chaque vidéo découle alors d’un protocole préalablement
développé à l’aide de maquettes, de livres et de dessins basés
sur la géométrie.
Les vidéos sont pensées comme des performances, les actions,
les œuvres mises en place n’existent que le temps de
l’enregistrement.
Après ce travail de recherche, des volumes, des installations
sont alors réalisés. Chacun utilise le mécanisme acquis dans
précédentes réalisations. Les volumes sont indépendants, les
installations fonctionnent pour et par un espace donné.
Nature Morte
a été réalisée à Norwich (UK) dans un bâtiment administratif
désaffecté. Une marche suit le rythme de la main gauche d’une
partition écrite par Philippe Sarde pour le film La Grande Bouffe (1973).
Dans cette vidéo, on retrouve une œuvre construite à l’aide
d’un multiple déployé dans l’espace vide et abandonné. A chaque
pas, emporté par la musique calme et mélancolique, le temps
passe et l’œuvre de papier se transforme, se déforme. Les
monticules patiemment construits à la main sont petit à petit
écrasés sous le poids d’une enjambée faisant place à une
déambulation destructice et funèbre, douce et enivrante.
Le titre Nature morte renvoie, à la fin du parcours, coïncidant
avec le temps de la musique et celui de la vidéo, à ce qui
reste, devenu maintenant absent pour le regard : un lieu «
désœuvré », des lignes déstructurées composées de volumes
altérés et autrement figés.
Les monticules mis en scène dans le plan séquence sont
reproductibles à l’infini, ici au nombre de notes nécessaires.
2’39’’ est la durée de leur existence.
Extrait :
http://vimeo.com/user8495945/videos
vidéo format Full HD, 23',couleur, sonore, 2012
Producteur : Lowave (Silke Schmickl);
Caméra : Quentin Balpe ;
Son : Margot Testemale;
Interprètes : Aurore Obellianne,
Benjamin Robert Degude;
Chef décor : Antoine Proux;
Constructeurs Décor : Antoine Proux, Gaspard Mercier.
Le film Arrangements suit les transformations
d'une petite maison selon six scénarios de vie, tout au
long du 20ème siècle jusqu'à maintenant.
Hélène Agofroy a vécu jusqu'à l'adolescence en face de
l'usine à laquelle cette maison était accolée. De ces
souvenirs sensibles, elle extrait un élément, le seul qui
ait survécu à la fin de l'industrie textile, cette petite
construction, maintenant déplacée au pied de terrains de
tennis, sorte de maison témoin du passage de l’industrie
aux loisirs.
Dans une construction de 27m2 réalisée en studio selon les
mesures réelles de la maison, deux acteurs agissent. Ils
aménagent et transforment cet espace selon les critères de
six situations historiques qui s'enchaînent. La 1ère évoque
un pavillon pour déjeuner l'été, la 2ème un refuge pendant
la guerre, la 3ème une cantine d'usine, la 4ème un entrepôt
et un lieu improvisé de jeux d'enfants, la 5ème signifie
son déplacement et sa reconstruction, la dernière un club
de tennis. Le film se termine sur un diaporama : une
maquette de la maison photographiée de par le monde.
Chaque situation est amorcée par une voix-off qui évoque
une courte scène de la période historique concernée. Elle
fait place ensuite à l’action des déménageurs et à leurs
réflexions dans cet espace chaque fois modifié.
Les acteurs traversent le lieu et l’histoire et situent le
jeu dramatique par la place qu’ils prennent dans
l’aménagement du décor. Leur implication et leur rôle se
modifient au cours du film. Ils prennent successivement le
rôle d'installateur, de témoin, d’enquêteur, de
constructeur, de photographe ou de l'artiste dont ils sont
en quelque sorte la projection.
Entièrement réalisé en studio, Arrangements place
la notion de décor au centre des interrogations
autobiographiques de la réalisatrice dont le travail se
situe entre installation, dispositif, film et performance.
La reconstitution forme un espace fictionnel en perpétuelle
configuration et se confond, en fonction des différents
agencements activés par ses occupants-acteurs, avec un lieu
de projections mémorielles où viennent se confondre les
récits personnels avec le fil continu de l'Histoire.
Arrangements
a été présenté pour la première fois en mars 2013 au Centre
Pompidou Paris dans le programme FILM.
II
Paul Collins et John Armstrong
"Four Sisters",
vidéo format 16/9, couleur, muet ou ciné-concert live, 77', 2008
Four Sisters
est le film que nous avons tous imaginé, encore enfant, quand
l'ennui d'un voyage en voiture était ponctué par le rythme et les
motifs créés par le passage des cables électriques, des poteaux,
des arbres et des maisons, immeubles et publicités.
Four Sisters
est une séquence vidéo muette de 77 minutes, filmée sur la Gardiner
Expressway, la rocade qui borde le Lac Ontario, à Toronto. Nous
allons d'est en ouest, puis d'ouest en est, un aller-retour, puis
encore un aller. La caméra est pointée vers le nord, vers le centre
ville, avant de tourner vers le sud et le lac. Une bande de texte
défile sur l'image, racontant 23 anecdotes en anglais et parfois en
français. Ces histoires banales parlent de la vie à Toronto et à
Paris, des voyages, des coïncidences, de moments d'épiphanies
mineures dans les vies des deux artistes.
Paul Collins et John Armstrong
II
Badr El Hammami
"Mémoire #2",
vidéo format, 4/3, 6', noir et blanc, muet, 2012
En revenant au Maroc sur les lieux où, enfant, il
effectua sa scolarité, Badr EL HAMMAMI imagine une
variante de la photographie de classe. Suivant le
chemin possible de la mémoire qui remet en mouvement
des images figées, l'illusion photographique de Mémoire
# 2 s'anime lentement. Mais à l'instant où nous voyons
revivre cette fantasmagorie du passé, nous sommes
éblouis par les reflets du soleil sur les miroirs. À
l'aide d'un appareillage fruste, les protagonistes de
cette chorégraphie du souvenir exécutent, tour à tour
sous nous yeux, un fabuleux exercice de disparition. La
mémoire s'efface en même temps qu'elle s'écrit à la
manière d'une encre symphathique délivrant un bref
instant son secret.
Olivier Marboeuf
II
Raphaël Grisey
"MINHOCÃO (THE BIG WORM)"
Video 31 min, stereo 16/9 – HD – color and B&W
– 2011
With support of the residency programm Capacete and the
french consulat of Rio de Janeiro.
Minhocão
(Le grand Ver), ainsi surnommée par ses habitants,
cette immense barre de logement social ondoyante de
Rio de Janeiro – nom officiel : Conjunto
Habitacional Pedregulho – a été construite à partir
de 1946 par l’architecte Eduardo Affonso Reidy. Une
voiture équipée d’une sono parcourt ce quartier
nord de la ville en diffusant un texte écrit par
celui-ci sur les principes architecturaux
“modernes” qui ont régi la conception de l’édifice.
La vidéo intègre également des interviews
d’habitants et autres scènes d’intérieur ainsi que
des extraits sonores du film de fiction Lucio
Flávio, the passenger of agony (produit par Hector
Babenco, 1977). Elle pose notamment la question de
la patrimonialisation d’une “unité” de logement
social qui est sur le point d’être rénovée après
cinquante ans d’abandon et de gestion autonome.
Barbara Noiret
"C’est à dire",
Vidéo couleur, durée 4’30’’, 2005,
Domaine de Chamarande, centre d’art contemporain
Commande autour de la mémoire du château
« Le temps de chaque séquence, il arrive quelque chose aux
choses que représentent ces images pourtant presque fixes. Il
arrive quelqu’un qui déplace, dérange ou modifie un point
précis du cadre, pour faire un usage précis des lieux -
exploration fastidieuse ou simple passer-par-là. Dans le cas
précis de ces narrations minimales, la vidéo est une
photographie qui dure longtemps. »
Sélection 2012/
Claire Angelini
"
La guerre est proche",
vidéo format 4/3
, 80',
couleur, sonore,
2011
Ce film est consacré au camp de concentration français de
Rivesaltes (Pyrénées orientales), édifié en 1936, aujourd’hui
pudiquement nommé « camp militaire abandonné » sur les cartes de la
région.
Pourtant ce film n’est pas consacré à un lieu de mémoire (un
projet de mémorial, bientôt, vouera à la disparition une grande partie
du camp), mais aux mémoires du lieu. Via les données concrètes
et physiques du terrain, de ses bâtiments ruinés, La guerre est proche rencontre l’historicité du lieu en
prenant la mesure de son actualité brûlante : la question des réfugiés,
des camps de rétention, des «personnes déplacées». Topographie de ville
fantôme à laquelle des témoins donnent corps (quatre personnages
prennent tour à tour la parole en une manière d’oratorio). Narration
que troue une béance, celle des témoins absents déportés plus loin,
dans les camps d’extermination, qui ne sont là que dans le discours des
autres. Présence insistante du vent, sifflements chuintants des
éoliennes mêlés aux crissements des cigales. Ciels tourmentés,
malingres arbustes.
Ce film cherche moins à tirer les leçons de l’histoire qu’à nourrir le
présent d’une histoire qui, tel un miroir aveuglant, le concerne au
premier chef.
Gilles Balmet
"
Laser game",
vidéo format 16/9
,
couleur, sonore,
6'32", 2008
Laser Game est le résultat d’une déambulation en aveugle, en pleine
nuit dans mon atelier avec un niveau laser comme seule source
d’indication de l’espace environnant. Cette ligne rouge vif filmée
avec un appareil photo numérique se brise et se reconstitue en
permanence en fonction de l’espace, des murs et des objets qui
ponctuent l’atelier. Je me cogne dans de nombreux éléments,
déambulant lentement entre les oeuvres, les outils ou les détritus
posés sur le sol en parquet. La bande sonore mystérieuse composée
par les chocs divers occasionnés par mes déplacements hasardeux
laisse planer le doute sur la nature exacte des objets croisés lors
de cette promenade nocturne. La vidéo est encadrée par l’ascension
d’un escalier de bois grinçant et sa descente qui clôt la vidéo.
Gilles Balmet
Clément Darrasse
"
Hum",
vidéo f
ormat 16/9
,
couleur, sonore,
5'17", 2010
Cette vidéo a été réalisée au Chili, dans le désert d’Atacama, dans
la salitrera d’Humberstone, cité minière productrice de salpêtre
pendant l’ère industrielle jusqu’en 1960, année où elle fut laissée
à l’abandon sous la pression économique de l’arrivée des engrais
chimiques.
En proie aux vents et aux stigmates du temps, les rues de cette
ville devenue fantôme abritent les empreintes chargées et
émouvantes de ces ouvriers pampinos qui y ont consacré leur vie
dans des conditions de travail extrêmes.
Conçu à Humberstone - Atacama à l'incitation de Dorothy-Shoes lors
de la réalisation de son projet TAPS, Hum. est un film
révélant la vie sonore et les mouvements discrets de cette ville
fantôme en plein désert. Les trois premières lettres du nom
Humberstone ici choisies pour titre, en anglais, signifient
fredonnement.
Clément Darrasse
"Ludodrone
",
vidéo f
ormat 4/3
,
photographies et images 3D virtuelles, couleur, sonore, 4'36",
2010
La vidéo Ludodrone associe photographies, animation et
modélisation 3D; “duotopie” d'un lieu de transit
(escalier,rampe d'accès aux quais, hall de gare). La doublure
virtuelle lovée au creux des espaces photographiés est arpentée
par un origami; robot organique, jouant de ces propriétés de
reproduction et d'effacement.
Deux temporalités se rencontrent dans ce collage, ce compositing: le temps photographique comme capture du
réel, expérience physique d'un lieu pour le photographe et le
trouble d'un temps inouï;le futur antérieur comme temps de la
reconstitution et de l'anticipation conjuguées. L'image
photographique produit l'expérience simultanée d'un passé/présent dans son actualisation par le regard et
d'un présent/passé de ce de ce qui a été, de ce qui a
eu lieu. Ludodrone est une combinaison de ces strates
temporelles où des évènements, des nappes sonores,
cristallisent le flux vidéo et la reptation d'un origami de
synthèse.
la domotique comme relation distante au lieu et système de
calcul de l'historique, de l'anticipation des évènements au
sein et autour d'un habitat, d'un bâtiment, en serait la
fiction réalisée.
Cette expérience troublée du présent, au travers des médiums
photographiques et vidéo-graphiques virtualisés, s'intensifie
via le développement et la convergence probable des
technologies des “réalités” dites augmentées ou diminuées,
associées au feed back en temps réel.Les espaces et les lieux
ne deviendraient-ils pas les réalisateurs de nos propres usages
et expériences de notre présence au monde ici et maintenant?
Olivier David
II
Nelly Massera
"Nuit étoilée
",
vidéo format 16/9,
couleur, sonore, 9'08", boucle, 2010
Un espace de projection plongé dans le noir total. Le
regard doit s’habituer à la pénombre.
L’image vidéo est prise de nuit, un espace planté d’une
architecture sommaire, parcouru d’une faible lueur, se
dévoile péniblement. Le son omniprésent d’une eau qui
coule, cyclique, emplit l’espace. Le ciel tonne, la pluie
tombe et se mêle au son de la fontaine. Une lumière,
violente, blafarde, presque irréelle, flashe la scène et la
révèle furtivement au spectateur ; suit le bruit de
l’éclair qui déchire l’espace. La fréquence des éclairs
augmente, la pluie s’intensifie, le son se densifie, le
hurlement des loups se joint à la scène.
Je filme dans un zoo la nuit, un zoo vidé d’une partie des
êtres qui l’habite le jour et font sa raison d’être. Dans
la nuit je suis venue chercher le basculement, celui où le
regard s’inverse, le moment du jour où notre vue fait
défaut, à contrario de la bête qui nous regarde et prend le
dessus poussée par notre imaginaire habité de rêves, peurs,
contes, légendes et mythes. Ma caméra s’arrête sur un
enclos vide, espace plongé dans le noir, trou noir
architecturé, parc de loisir miniature, entre vie et mort.
Autour le monde gronde, le ciel se déchire, l’éclair
montre, électrise, brule la scène puis le noir retombe.
Nelly Massera
"Santo Domingo n°863
",
vidéo f
ormat 16/9
,
couleur, sonore, 6'00
,
2007
Quiconque est déjà resté sur une
place publique à observer ce qui
s’y passe se rend bien compte qu’il
ne garde pas un souvenir linéaire
des différents moments dont il a
été le témoin, mais qu’il emporte
dans sa mémoire une succession de
fragments temporels dispatchés dans
l’espace. C’est sur cette
impression que repose la vidéo
Santo Domingo n°863 en prenant pour
toile de fond une architecture
spécifique du Chili.
Santo Domingo n°863 est l’adresse
d’un centre commercial populaire,
en plein cœur de Santiago,
construit sur le modèle insolite
des « caracoles » (littéralement «
escargots » en espagnol).
Fortement développés sous la
dictature, ces centres commerciaux,
organisés autour de longues rampes
en spirale, ont été peu à peu
détrônés par le principe
nord-américain des « mall center ».
Aujourd’hui, les caracoles rythment
la trame urbaine de Santiago comme
autant de rues verticales en marge
de la société, récupérés par toutes
sortes d’activités plus ou moins
licites.
"La cabane
",
vidéo format
16/9
,
couleur, muet, 12
',
2004
La Cabane a été réalisée dans le cadre
d'une résidence au centre d’art de
Pougues-les-Eaux. La durée du film est de
12 minutes, elle est le condensé d'un
tournage qui a duré environ six mois
pendant lesquels une architecture en carton
construite dans le parc du centre est
altérée par les aléas du temps et des
intempéries.
Cette vidéo se présente comme un long temps
de pose photographique et montre en un plan
fixe et serré, les modifications que subit
cette architecture jusqu'à son
effondrement.
Ici, la façade de l'architecture
s'apparente à une grande plaque sensible
sur laquelle se projette une succession de
formes apparaissant et disparaissant comme
des images.
Ce que l'on mesure également au final,
c'est que le moment de la chute, cet ultime
point de l'équilibre ou du déséquilibre,
n'est pas enregistré. De manière
symptomatique, manquent l'instant et
l'instantané.
Paul Pouvreau
"Constructions
",
vidéo format 16/9
,
couleur, sonore,
3'30",
2011
Dans ma pratique, les vidéos récentes dont le dispositif est toujours
minimaliste, poursuivent les recherches développées en dessin ou en
volume. Le son transpose autrement la matérialité de l'objet et la
possible narration ouvre le champ vers d’autres horizons. Ce qui est en
jeu dans cette vidéo, c'est un ensemble de tensions et de pressions.
Chaque bulle de savon est le fruit d'un équilibre entre une pression
externe et interne, séparées par une fine enveloppe d'eau savonneuse. A
chaque souffle se rajoute une nouvelle donnée à l'équation complexe et
précaire formée par cette architecture-reflet. L'ensemble se déploie
sur un disque qui définit et contraint le territoire possible. Les
bulles se succèdent, se repoussent, s'équilibrent en un tout. Plus le
nombre de celles-ci s'accroît, plus l'espace disponible sur la surface
du disque diminue. Aussitôt que la dernière bulle est soufflée,
l'édifice s'écroule, chaque éclatement entraine une recomposition, une
recherche d'équilibre, une série d'évènements en cascade qui s'achève
sur un disque à la surface plane.
Skander Zouaoui