mardi 1 janvier 2013

Sélection 2013

Hélène Agofroy


"Arrangements"
vidéo format Full HD, 23',couleur, sonore, 2012

Producteur : Lowave (Silke Schmickl); Caméra : Quentin Balpe ; Son : Margot Testemale; Interprètes : Aurore Obellianne, Benjamin Robert Degude; Chef décor : Antoine Proux; Constructeurs Décor : Antoine Proux, Gaspard Mercier.

Le film Arrangements suit les transformations d'une petite maison selon six scénarios de vie, tout au long du 20ème siècle jusqu'à maintenant.
Hélène Agofroy a vécu jusqu'à l'adolescence en face de l'usine à laquelle cette maison était accolée. De ces souvenirs sensibles, elle extrait un élément, le seul qui ait survécu à la fin de l'industrie textile, cette petite construction, maintenant déplacée au pied de terrains de tennis, sorte de maison témoin du passage de l'industrie aux loisirs.
Dans une construction de 27m2 réalisée en studio selon les mesures réelles de la maison, deux acteurs agissent. Ils aménagent et transforment cet espace selon les critères de six situations historiques qui s'enchaînent. La 1ère évoque un pavillon pour déjeuner l'été, la 2ème un refuge pendant la guerre, la 3ème une cantine d'usine, la 4ème un entrepôt et un lieu improvisé de jeux d'enfants, la 5ème signifie son déplacement et sa reconstruction, la dernière un club de tennis. Le film se termine sur un diaporama : une maquette de la maison photographiée de par le monde.
Chaque situation est amorcée par une voix-off qui évoque une courte scène de la période historique concernée. Elle fait place ensuite à l'action des déménageurs et à leurs réflexions dans cet espace chaque fois modifié.
Les acteurs traversent le lieu et l'histoire et situent le jeu dramatique par la place qu'ils prennent dans l'aménagement du décor. Leur implication et leur rôle se modifient au cours du film. Ils prennent successivement le rôle d'installateur, de témoin, d'enquêteur, de constructeur, de photographe ou de l'artiste dont ils sont en quelque sorte la projection.
Entièrement réalisé en studio, Arrangements place la notion de décor au centre des interrogations autobiographiques de la réalisatrice dont le travail se situe entre installation, dispositif, film et performance. La reconstitution forme un espace fictionnel en perpétuelle configuration et se confond, en fonction des différents agencements activés par ses occupants-acteurs, avec un lieu de projections mémorielles où viennent se confondre les récits personnels avec le fil continu de l'Histoire.
Arrangements
a été présenté pour la première fois en mars 2013 au Centre Pompidou Paris dans le programme FILM.




II


Paul Collins et John Armstrong

"Four Sisters",
vidéo format 16/9, couleur, muet ou ciné-concert live, 77', 2008

Four Sisters
 est le film que nous avons tous imaginé, encore enfant, quand l'ennui d'un voyage en voiture était ponctué par le rythme et les motifs créés par le passage des cables électriques, des poteaux, des arbres et des maisons, immeubles et publicités.

Four Sisters est une séquence vidéo muette de 77 minutes, filmée sur la Gardiner Expressway, la rocade qui borde le Lac Ontario, à Toronto. Nous allons d'est en ouest, puis d'ouest en est, un aller-retour, puis encore un aller. La caméra est pointée vers le nord, vers le centre ville, avant de tourner vers le sud et le lac. Une bande de texte défile sur l'image, racontant 23 anecdotes en anglais et parfois en français. Ces histoires banales parlent de la vie à Toronto et à Paris, des voyages, des coïncidences, de moments d'épiphanies mineures dans les vies des deux artistes.
Paul Collins et John Armstrong



II


Badr El Hammami

"Mémoire #2",
vidéo format, 4/3, 6', noir et blanc, muet, 2012

En revenant au Maroc sur les lieux où, enfant, il effectua sa scolarité, Badr EL HAMMAMI imagine une variante de la photographie de classe. Suivant le chemin possible de la mémoire qui remet en mouvement des images figées, l'illusion photographique de Mémoire # 2 s'anime lentement. Mais à l'instant où nous voyons revivre cette fantasmagorie du passé, nous sommes éblouis par les reflets du soleil sur les miroirs. À l'aide d'un appareillage fruste, les protagonistes de cette chorégraphie du souvenir exécutent, tour à tour sous nous yeux, un fabuleux exercice de disparition. La mémoire s'efface en même temps qu'elle s'écrit à la manière d'une encre symphathique délivrant un bref instant son secret.
Olivier Marboeuf




II


Raphaël Grisey

"MINHOCÃO (THE BIG WORM)"
Video 31 min, stereo 16/9 – HD – color and B&W – 2011

With support of the residency programm Capacete and the french consulat of Rio de Janeiro.

Minhocão
 (Le grand Ver), ainsi surnommée par ses habitants, cette immense barre de logement social ondoyante de Rio de Janeiro – nom officiel : Conjunto Habitacional Pedregulho – a été construite à partir de 1946 par l'architecte Eduardo Affonso Reidy. Une voiture équipée d'une sono parcourt ce quartier nord de la ville en diffusant un texte écrit par celui-ci sur les principes architecturaux "modernes" qui ont régi la conception de l'édifice. La vidéo intègre également des interviews d'habitants et autres scènes d'intérieur ainsi que des extraits sonores du film de fiction Lucio Flávio, the passenger of agony (produit par Hector Babenco, 1977). Elle pose notamment la question de la patrimonialisation d'une "unité" de logement social qui est sur le point d'être rénovée après cinquante ans d'abandon et de gestion autonome.



II


Barbara Noiret

"C'est à dire",
Vidéo couleur, durée 4'30'', 2005,
Domaine de Chamarande, centre d'art contemporain
Commande autour de la mémoire du château

« Le temps de chaque séquence, il arrive quelque chose aux choses que représentent ces images pourtant presque fixes. Il arrive quelqu'un qui déplace, dérange ou modifie un point précis du cadre, pour faire un usage précis des lieux - exploration fastidieuse ou simple passer-par-là. Dans le cas précis de ces narrations minimales, la vidéo est une photographie qui dure longtemps. » 
Eléonore Espargilière