mercredi 1 janvier 2014

Sélection 2014

Hayoun Kwon

Village modèle,
Vidéo format 16/9, couleur, sonore, 6'30'', 2014

Cette œuvre s'intéresse au village de propagande Kijong-dong, qui se situe dans la zone dématérialisée séparant Corée du Nord et Corée du Sud. Véritable vitrine de luxe construite dans les années 1950 et orientée de façon à être visible depuis la frontière sud-coréenne, une observation poussée des bâtiments révèle que ceux-ci sont vides, à la façon des décors de cinéma.

Hayoun Kwon révèle l'aspect fantomatique et partiel de cette zone frontalière - une mise en scène dans un « lieu-décor » -, et nous plonge dans un voyage accompli par procuration. ?Le film témoigne de ce village fantôme dans son véritable état : un mécanisme de fiction. Un village inatteignable autrement que par l'imagination.

Extrait en ligne sur le site de la galerie
 


II


Didier Béquillard

Stillleben mit Flut, 
vidéo format 4/3, couleur, muet, 20'59''(en boucle), 2007

Dans la vidéo Stillleben mit Flut, j’ai photographié in situ dans le port des empilements de 6 containers, je les ai ensuite montés en vidéo avec de longues transitions afin que le passage d’une image à l’autre soit imperceptible. Cela répond à la perception que j’ai du paysage portuaire, il se présente comme une longue image numérique dont les pixels seraient les containers. Les murs de containers que le port offre en miroir à la ville sont toujours en mutation. Ils sont modifiés par le travail des transbordeurs qui fonctionnent comme un logiciel de retouche photographique, changeant la couleur d’un pixel ici en effaçant un autre là. Le container-pixel devient l’unité de mesure, l’objet le plus normalisé, celui qui règle la taille de tout ce qui s’échange dans le monde rythme aussi le temps et l’espace. Il s’immisce dans la ville sur les plate-forme des camions, serpente en longs convois ferroviaires, signe le début d’un prochain chantier, sert de remise au fond d’une cour d’immeuble, percé d’une fenêtre devient cabane de jardin. Mais s’il stationne c’est toujours du provisoire, le container nous parle de voyage, un jour ici, l’autre là, il est interchangeable, anonyme, on n’est jamais sûr de le retrouver à sa place le lendemain. On rêve pour lui d’une carte topologique, une carte à l’échelle du monde, elle garderait la mémoire de tous ses déplacements et s’inscrirait sur sa tôle d’acier comme un tatouage sur la peau d’un marin.



II


Laëtitia Bourget

Biotope, 
vidéo format 4/3, couleur, sonore, 17', 2001

L'existence quotidienne d'une vieille femme mise en relation avec les petites formes de vies parasites qui subsistent au cœur d'une cité d'habitats collectifs des années 1950-60. Une sorte de milieu naturel sans logique industrieuse, simplement occupé par des petits êtres chacun à leur place. Un lieu idéal pour s'éteindre doucement.

Vidéo en ligne : http://www.laetitiabourget.org/img/videos/biotope.mov

 

II


Benjamin Dufour et Régis Feugère

Few times, few Places,
vidéo HD, couleur, sonore, 10'43'', 2013
Production : CarréRotondes / CNA

Few times, few places dresse un portrait des lieux dans lesquels ces activités sont concentrées. La notion de paysage évoque parfois une surface sur laquelle on pose un regard. Ici, il s'agit de remonter à la source de cette surface.

Extrait :

 

II


Carole Fékété

Les Baraques-Plage (Sangatte, 2013),
film HD, noir et blanc, sonore, 14'35'', 2013

Une plage déserte entre Sangatte et Calais en hiver. En travelling et en plan séquence, apparaissent l’une après l’autre des baraques alignées face à la mer sur plusieurs centaines de mètres. En plus des vagues et du vent, on perçoit quelques voix au loin. Le film progresse dans un dialogue entre l’élaboration du souvenir et la nécessité de conserver la trace de ce qui va bientôt disparaître.




Extrait vidéo : https://vimeo.com/91903116
 


II


Anne-Marie Filaire

Enfermement,
45' (en boucle), 2007
 
"J'ai commencé à photographier les paysages de Palestine en 1999. En 2004, la construction du mur a commencé autour de Jérusalem, c'est là que j'ai entrepris ce travail de relevés de terrain et c'est à cette période que mes images sont devenues des panoramas.
C'était une période de très grande tension et le contact était rompu entre les populations (époque des attaques suicides, des attentats contre les bus...). J'ai commencé, à faire des relevés de terrain, à enregistrer les paysages autour de Jérusalem pour en conserver la mémoire.
Ce n'était pas un travail facile car je travaillais avec un matériel lourd, j'avais aussi des documents, images de références, grilles de lecture, c'est un travail de terrain technique qui demande de la précision. Je devais m'installer et être visible pendant les prises de vue ce qui n'était pas toujours sans danger. Je travaillais seule.
Travailler à Jérusalem et en Palestine m'aura demandé de travailler dans la durée. La rencontre avec cette violence et de la nécessité d'en témoigner.
Je dois préciser que j'ai toujours travaillé des deux côtés aussi bien en Israël que dans les Territoires palestiniens et que mon travail s'est situé dans ce mouvement, c'est une investigation du transfert, je n'ai pas voulu représenter l'enfermement mais j'ai travaillé dedans. Le mur n'a jamais été le sujet de mon travail.
Ce qui reste dans les images c'est un déploiement de l'espace alors que paradoxalement il se fermait, c'est la description des formes et des espaces de ces zones frontières, elles témoignent avant tout de la violence faite aux paysages, de l'occupation et de la destruction.
Le défi aura été de tenir le projet dans le temps et la rigueur du processus de travail sur le terrain, conditions nécessaires pour témoigner de cette violence, car le paysage se transformait constamment sous l'emprise d'une stratégie d'occupation et d'enfermement.
Et puis par la suite le défi aura été pour moi de me libérer de ce temps. J'ai décidé d'arrêter les prises de vue fin 2007 car à cette époque la construction du mur était terminée à Jérusalem, si j'avais continué à faire des images, à revenir sur les lieux pour les photographier à nouveau, j'aurais détruit ce que j'avais fait. Les lieux ne changent plus vraiment, ça devient plus « propre », les gens qui y vivent ne sont plus les même. Si j'avais continuer à produire des images, elles auraient absorbé les autres. Je voulais par cette décision conserver ce temps très particulier de la fermeture, ce temps d'une très grande violence.
Ce qu'il y a de plus violent dans ces images c'est le vide.
Anne-Marie Filaire,

NB : Les photographies de ce film font partie de la collection de CAMP « Contemporay Art Museum Palestine »


II


Patrice Goasduff

Le chemin critique,
Production Vivement lundi! - 40mcube - Tv rennes 35

Après 31 Bd. Magenta et Parpaing, Le chemin critique est le troisième ?lm d'une trilogie consacrée au chantier que j'ai entrepris en 2004. Chaque film donne à voir un chantier sous une forme différente comme une machine à perturber un espace contraint de la ville, un élément constitutif de la transformation de la vie de tout un chacun, le cadre d'un théâtre des représentations. Trois films, trois points de vue, trois chantiers. Le dernier opus vient en contrepoint du premier qui consistait à observer d'un point de vue unique et extérieur un chantier de construction. Le chemin critique prend le parti pris de pénétrer à l'intérieur d'un bâtiment mis à nu par un chantier de rénovation. Ici, je ne m'intéresse pas à la belle enveloppe extérieure du bâtiment donné à voir aux passants, je montre le chantier interdit au public, les dessous... La rénovation consiste à déposer un décorum, à transformer les espaces et à poser un nouveau décor. Dans ce film, je suis trois personnages qui chacun, selon sa fonction, me permet d'aborder ce chantier de façon complémentaire. Le Gardien, détenteur des clefs et des secrets du bâtiment, c'est lui qui ferme le bâtiment qui mute en chantier. Le Directeur technique, référent de l'utilisateur du bâtiment, il suit l'avancée des travaux. Le Coordinateur des travaux, acteur central du chantier, est chargé de sa bonne marche. Sur un chantier, le chemin critique est le terme employé pour désigner l'organisation des interventions techniques et des tâches à réaliser de manière chronologique jusqu'à la date de ?n envisagée du projet. Sur le papier, il prend la forme d'une sorte d'arbre généalogique complexe. C'est dans cet univers que je promène le spectateur, dans un univers de poussière et de béton, dans un univers d'hommes dans lequel chacun tient son rôle.



II


Julie Savoye

Nature Morte,
vidéo format 4/3,couleur, sonore, 2'39'', 2011

En 2010, j'ai commencé un travail vidéographique dans l'idée de répertorier différentes logiques de construction/déconstruction de la ligne dans l'espace d'un lieu.

Chaque vidéo découle alors d'un protocole préalablement développé à l'aide de maquettes, de livres et de dessins basés sur la géométrie.

Les vidéos sont pensées comme des performances, les actions, les œuvres mises en place n'existent que le temps de l'enregistrement.

Après ce travail de recherche, des volumes, des installations sont alors réalisés. Chacun utilise le mécanisme acquis dans précédentes réalisations. Les volumes sont indépendants, les installations fonctionnent pour et par un espace donné.

Nature Morte a été réalisée à Norwich (UK) dans un bâtiment administratif désaffecté. Une marche suit le rythme de la main gauche d’une partition écrite par Philippe Sarde pour le film La Grande Bouffe (1973).

Dans cette vidéo, on retrouve une œuvre construite à l'aide d'un multiple déployé dans l'espace vide et abandonné. A chaque pas, emporté par la musique calme et mélancolique, le temps passe et l'œuvre de papier se transforme, se déforme. Les monticules patiemment construits à la main sont petit à petit écrasés sous le poids d'une enjambée faisant place à une déambulation destructrice et funèbre, douce et enivrante.

Le titre Nature morte renvoie, à la fin du parcours, coïncidant avec le temps de la musique et celui de la vidéo, à ce qui reste, devenu maintenant absent pour le regard : un lieu « désœuvré », des lignes déstructurées composées de volumes altérés et autrement figés.

Les monticules mis en scène dans le plan séquence sont reproductibles à l'infini, ici au nombre de notes nécessaires. 2'39'' est la durée de leur existence.

Extrait :